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Antibiorésistance : 3 salmonelles sur 10 concernées en Europe

La résistance aux antibiotiques progresse. Les salmonelles connaissent une progression régulière. Elles représentent la seconde toxi-infection alimentaire en Europe.

Les alertes se multiplient autour de l’antibiorésistance. Sans effet. En Europe, les bactéries résistent de mieux en mieux aux antibiotiques. Le rapport détaille en outre les antibiotiques pour lesquels les microbes ont développé des résistances. Les carbapénèmes sont entre autre concernés. Ces molécules sont souvent utilisées comme dernier recours en cas d’infections multirésistantes aux autres antibiotiques. Chaque année, elles causent 25 000 décès. Ce 22 février, les Centres européens pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) s’alarment de la montée des résistances chez les salmonelles. Elles représentent la deuxième source d’intoxications alimentaires au sein de l’Union européenne.

Des souches plus solides

3 souches de salmonelles sur 10 étaient multi-résistantes en 2015. Une part similaire des bactéries prélevées chez des patients est capable de survivre à un seul antibiotique (sulfonamides, tétracyclines, ampicilline). Le bilan est particulièrement inquiétant pour une souche : chez la Salmonella typhimurium, 81 % des échantillons sont antibio-résistants. Et cette estimation progresse de manière régulière.

« Il est particulièrement inquiétant que certaines salmonelles courantes chez l’homme, comme la Salmonella typhimurium monophasique, expriment une multi-résistance très élevée », estime Mike Catchpole, directeur scientifique à l’ECDC.

La toxi-infection alimentaire la plus fréquente, associée à Campylobacter, ne rassure pas plus. Les taux de résistance sont hauts, voir très hauts, dans tous les Etats membres, à deux exceptions près : le Danemark et la Norvège – associée à la surveillance en Europe. Pour la souche Campylobacter coli, 80 à 100 % des échantillons témoignent d’une résistance. 14 % sont même multi-résistantes. Dans le cas des campylobactérioses, 10% des bactéries testées se sont révélées résistantes à deux molécules essentielles dans les cas sévères chez l’homme : les fluoroquinolones et les macrolides.

Une résistance à la colistine

Le Commissaire annonce dans un communiqué le lancement d’un plan d’action d’ici l’été 2017. Il fixera le cadre des actions coordonnées au sein de l’Union européenne. Car l’objectif est clair. Il s’agit de rationaliser l’usage des antibiotiques en médecine humaine, mais aussi animale. Et pour cause : la résistance à la colistine, antibiotique de dernier recours, a été repérée pour la première fois sur le continent. L’homme n’est pas encore touché.

L’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA), qui a collaboré à ce rapport, recommande donc deux choses : placer l’apparition des gènes mcr-1 et mcr-2, associés à la résistance à la colistine, sous étroite surveillance, et améliorer le suivi du staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) chez les animaux destinés à l’alimentation humaine.

Des inégalités régionales

Les niveaux de résistance sont très inégaux en fonction des pays de l’Union. Les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord sont relativement avantagés : leurs mesures de prévention ont payé et la progression des résistances est limitée. Ce n’est pas le cas à l’est et au sud du Vieux continent. Ces variations sont généralement dues aux différences d’utilisation des antibiotiques en fonction des pays », explique Marta Hugas de l’EFSA. Les pays ayant mis en œuvre des mesures pour réduire et repenser l’usage de ces molécules chez l’animal notamment présentent des taux de résistance moins élevés et une tendance à la baisse.

« Nous avons développé de gros efforts pour interrompre sa progression, mais ce n’est pas suffisant, tranche donc Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la Santé et la Sécurité alimentaire. Nous devons agir plus vite, plus fort et agir sur plusieurs fronts. »

Pour en savoir plus, consultez le document interactif sur les résistances aux différents antibiotiques en fonction des pays (https://www.efsa.europa.eu/en/interactive_pages/AMR_Report_2015)

Pour exemple : 02 2017 Antibio-résistance à la Tetracycline chez l’homme et le porc

Plan d’action en France depuis 2015

En France, Marisol Touraine, la ministre en charge de la Santé, a annoncé en 2015 des mesures contre ce grave problème de santé publique. Celles-ci s’appuient sur les recommandations d’un rapport remis le mercredi 23 septembre 2015 . Le rapport du Dr Jean Carlet, président de l’Alliance Contre le développement des Bactéries
Multi-Résistantes (ACdeBMR) est sans appel : les prévisions en matière d’antibio-résistance sont de plus en plus
pessimistes. « En France, chaque année, plus de 150 000 patients développent une infection liée à une bactérie
multi-résistante, et plus de 12 500 personnes en meurent », souligne-t-il. Notre pays reste un « mauvais élève
européen ». Pour inverser la tendance, les auteurs du rapport émettent plusieurs recommandations. La ministre s’est appuyée sur celles-ci pour annoncer ces mesures :

  • Elle souhaite « mieux coordonner les actions de lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques ».
    L’une des manières concrètes d’y parvenir consiste notamment à « limiter la durée de prescription initiale
    à 7 jours ». Elle annonce par ailleurs la « mise en place d’un référent antibiotique dans chaque Agence
    régionale de Santé (ARS) ». L’objectif étant de « réduire de 25% la consommation globale d’antibiotiques
    et de faire passer la mortalité au-dessous de 10 000 décès par an »
  • Par ailleurs, la recherche doit être encouragée dans ce domaine. Pour cela les travaux concernant « en
    particulier de nouveaux produits luttant contre l’antibiorésistance » doivent être soutenus ;
  • La sensibilisation de la population au bon usage des antibiotiques reste également une priorité. La
    ministre souhaite « faire évoluer en profondeur les mentalités, en s’appuyant notamment sur les nouvelles
    technologies et les réseaux sociaux » ;
  • Enfin, ces médicaments doivent obtenir « un statut à part, pour promouvoir la recherche et faciliter l’accès
    de nouveaux médicaments sur le marché ».

Voici la liste présentée par l’OMS ce 27 février :

Priorité critique :

  • Acinetobacter baumannii, résistance aux carbapénèmes ;
  • Pseudomonas aeruginosa, résistance aux carbapénèmes ;
  • Enterobacteries, résistance aux carbapénèmes, production de BLSE.

Priorité élevée :

  • Enterococcus faecium, résistance à la vancomycine ;
  • Staphylococcus aureus, résistance à la méthicylline, résistance intermédiaire ou complète à la vancomycine ;
  • Helicobacter pylori, résistance à la clarithromycine ;
  • Campylobacter, résistance aux fluoroquinolones ;
  • Salmonelles, résistance aux fluoroquinolones ;
  • Neisseria gonorrhoeae, résistance aux céphalosporines, résistance aux fluoroquinolones.

Priorité moyenne :

  • Streptococcus pneumoniae, insensible à la pénicilline ;
  • Haemophilus influenzae, résistance à l’ampicilline ;
  • Shigella , résistance aux fluoroquinolones.
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