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Listériose : une gravité sous-estimée

Chaque année, près de 400 cas de listériose sont déclarés en France. Cette infection essentiellement d’origine alimentaire est provoquée par la bactérie Listeria monocytogenes. Dans la revue Lancet Infectious Diseases, une équipe française vient de publier une étude révélant la gravité de cette affection chez les femmes enceintes et les personnes âgées. Leurs observations devraient permettre en outre de modifier les recommandations actuelles en matière de traitement.

Suite à une intervention de M. LECLERCQ de Pasteur, cette notion de sous-évaluation du risque et de ses effets est à réfléchir. Effectivement, les personnes âgées et/ou immunodéprimées représentent 70% des cas de Listeriose.             Or

  • Le règlement européen prévoit une tolérance à 100 ufc/g pour les produits à DLC à consommer en l’état (sauf quelques exceptions logiques)
  • Il définit aussi comme produits ne permettant pas la croissance de la Listeria, ceux dont la DLC est inférieure à 5 jours (ce qui est le cas généralement des préparations issues de restaurations collectives)
  • Si les femmes enceintes ont bien fait l’objet d’une sensibilisation vis-à-vis de ce risque durant les années 90 (et qui a eu effectivement des effets positifs), ce n’est pas nécessairement le cas vis-à-vis des autres populations à risque

Illustration : la TIAC en France en  2016 a eu lieu dans un EHPAD.

Dans tous les cas, le constat est le suivant : depuis la parution du règlement européen, le nombre de cas de Listeriose déclaré est passé de moins de 300 à plus de 400 sur 10 ans (2005-2015), alors que la tendance était inverse depuis le début des années 90, soit une diminution de + de 400 à – de 300 sur une période de 15 ans, période (1990-2005) qui a vu l’édition de nombreuses règlementations sur les fromages, viandes et autres produits, plus les recommandations alimentaires des femmes enceintes.

Le Dr Caroline Charlier* a travaillé à partir de la cohorte MONALISA (Multicentric Observational National Analysis on Listeriosis and Listeria). Laquelle se base sur la compilation des cas signalés au niveau national depuis 1998. Deux constats sont ressortis de cette étude (http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(16)30521-7/abstract)

Décès des deux tiers de patients

D’abord, les deux catégories les plus touchées par la listériose– les femmes enceintes et les personnes de plus de 65 ans – le sont plus durement que les spécialistes le pensaient. Dans le détail, pendant la grossesse, « cette pathologie aboutit à une infection materno-fœtale ou materno-néonatale, sans risque pour la mère, mais très grave pour le fœtus ou le bébé », explique l’auteur. D’ailleurs, « en cas d’infection, seules 5% des grossesses se déroulent normalement ». Le pronostic vital de l’enfant est souvent engagé.

Chez les personnes âgées ou présentant des comorbidités, l’infection entraîne deux types de maladies :

  • Une septicémie, c’est-à-dire une infection du sang ;
  • Une forme neurologique appelée neurolistériose, parfois sous une forme septicémique.

« Nos travaux ont montré que ces pathologies sont plus graves que ce que nous pensions jusqu’alors », souligne le Dr Charlier. Globalement, « 2/3 des patients atteints d’une des formes de listériose décèdent ou conservent des séquelles. »

Des recommandations thérapeutiques à faire évoluer

Autre observation de taille : les traitements actuellement prescrits ne seraient pas les plus efficaces. Ainsi, « des corticoïdes auraient un effet délétère ». Alors qu’à l’inverse, « l’aminoglycoside, un antibiotique n’entrant pas dans la liste des recommandations médicales habituelles, aurait un intérêt thérapeutique évident », poursuit l’auteur.

Une série de découvertes fondamentales pour les patients, qui pourront « dès à présent, être mieux pris en charge », conclut-elle.

Conclusion : La tolérance de 100 ufc/g du Règlement européen 2073/2005 doit-elle être remise en cause selon le type de consommateurs ?

*du service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Necker-Enfants malades de l’AP-HP et de l’Unité de Biologie des Infections (Institut Pasteur/Inserm)

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