Résistance aux antibiotiques : une bactérie dangereuse sur notre peau ?
Une étude publiée dans la revue Nature Microbiology par une équipe australienne inquiète. Ce travail révèle la présence de plusieurs souches résistantes de staphylocoques à coagulase négative dans les hôpitaux de nombreux pays dans le monde. Or nous sommes tous porteurs de ces bactéries sur notre peau. La panique est-elle de mise ? L’éclairage du Pr Jean-Christophe Lucet, en charge de la prévention des infections nosocomiales à l’hôpital Bichat (Paris).
Les Staphylococcus epidermidis, aussi qualifiés de staphylocoques blancs par opposition aux staphylocoques dorés, sont présents en grande quantité sur la peau de tous les êtres humains. Seulement 20 à 25% de la population est porteuse d’un staphylocoque doré. Or des chercheurs australiens révèlent dans une étude publiée récemment que plusieurs de ces souches, retrouvées dans 96 établissements de 24 pays, sont devenus résistantes à plusieurs antibiotiques. Devenant ainsi une source potentielle d’infections nosocomiales.
Dans le détail, « trois lignées de Staphylococcus epidermidis multirésistantes ont émergé au cours des dernières décennies et se sont répandues à l’échelle mondiale », révèlent les auteurs.
Faut-il s’inquiéter ?
En réalité, « ce constat n’a rien de surprenant », souligne le Pr Jean-Christophe Lucet, en charge de la prévention des infections nosocomiales à l’hôpital Bichat. « Il s’agit d’un phénomène classique d’acquisition de plusieurs résistances les unes après les autres. » Toutefois, « la présence dans de nombreux pays du monde de ces bactéries est encore une fois un nouvel exemple de la circulation mondiale de la résistance bactérienne », souligne-t-il. « Celle-ci ayant circulé probablement à l’occasion de transferts de patients, de voyages… »
Malgré cela, « il ne s’agit pas en soi d’un enjeu de santé publique », rassure le Pr Lucet. Contrairement au phénomène global de développement de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Et pour cause, « la virulence de ces bactéries et la fréquence des infections sont faibles », indique-t-il. Très peu pathogènes, elles ne provoquent que très peu d’infections nosocomiales. Lesquelles concernent en particulier les patients porteurs de cathéters, de certaines prothèses et souffrant d’infections hématologiques graves.
Et ce d’autant que « lorsqu’une infection survient sur une prothèse de hanche par exemple, malgré les résistances, des antibiotiques de seconde ou troisième ligne sont encore efficaces », conclut-il.